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Ultra

Ultra : 3 Avis

Au niveau technique c'est du tout bon, l'ouvrage tout en couleur a une couverture cartonnée épaisse, l'impression sur papier glacé est très bonne, les textes bien placés dans les bulles ne m'ont pas pas paru souffrir de fautes notables. Ne disposant pas de la version américaine je ne peux juger de la traduction, mais rien n'est venu gâcher ma lecture. A noter la présence de parodies de publicités parsemant l'ouvrage, d'une galerie d'illustrations regroupant les couvertures de la VO et d'un carnet de croquis, sans oublier la reproduction en plus grand de l'article de la page 111 en début et en fin de volume, permettant ainsi de ne pas s'abîmer les yeux à la lecture. Je conseille à ceux qui auraient peur de se gâcher la surprise de ne lire l'article qu'un fois arrivé au moment de l'histoire où il intervient.

Ultra raconte une semaine mouvementée dans la vie d'une super-héroïne. Imaginez un monde dans lequel les super-héros sont sous contrats au sein d'agences qui ont pignon sur rue, font de la publicité et pour certains défendent de grandes causes humanitaires, c'est le monde dans lequel vit Pearl Penalosa alias Ultra. Cette super-héroïne ne craint pas grand-chose quand il s'agit de combattre le crime ; par contre quand il s'agit de sa vie affective et des paparazzi c'est une toute autre histoire. Aussi indestructible qu'elle ait l'air sur le plan physique, elle devient très maladroite et vulnérable dès qu'elle doit gérer ses relations avec sa mère ou ses amies ou encore se trouver un petit-ami. Tout l'intérêt de la série réside dans le fait de voir une super-héroïne se débattre avec des situations plus ou moins ordinaires dans la vie d'une star comme essayer de ne pas attirer l'attention dans la rue, ou même d'une femme normale comme attendre désespérément que le téléphone sonne, le tout sur un ton faisant penser aux romans de Isabel Wolff (Les mésaventures de Minty Malone, Les tribulations de Tiffany Trott,...) ou à ceux de Helen Fielding (Le journal de Bridget Jones), c'est-à-dire avec humour et sensibilité. Pearl ainsi que ses meilleures amies Olivia Arancina alias Aphrodite et Jennifer Janus alias Cowgirl sont plus vraies que nature et ne dépareilleraient pas dans une série comme Sex in the City. Les trois jeunes femmes sont très différentes et se complètent à merveille : Pearl est un modèle de droiture un peu naïve et trop gentille, alors que Liv est une croqueuse d'hommes qui se moque du qu'en-dira-t-on et pour laquelle seul compte l'avis de ses proches. Jen représenterait plutôt la norme avec sa vie de couple sans histoire apparente. La grande force d'Ultra est de montrer le côté humain des super-héros, de montrer que leurs pouvoirs ne les rendent pas plus aptes ou plus inaptes que les autres à gérer leur vie privée. Il y a aussi une bonne part de critique de la presse à scandale avec la diffamation dont est victime Pearl, de la versatilité de l'opinion publique prête à encenser une personne un jour et à la dénigrer le suivant, ainsi que de la société de consommation en général au travers des fausses publicités. Les frères Luna s'en sont donnés à coeur joie pour les couvertures des différents numéros, la première avec son cadre rouge parodie clairement le Time Magazine, alors que d'autres font penser à des tabloïds, que la quatrième parodie une couverture de Rolling Stone Magazine (avec détournement d'artistes comme Snoop Froggy Frog ou les Poo Fighters), que la sixième ressemble énormément à une couverture de Vogue et que la huitième fait penser aux vieux comics avec le petit logo parodiant celui de Comic Code Authority. La couverture originale de la version reliée, elle, fait plutôt affiche de film, effet perdu en VF du fait de la disparition des crédits au bas de celle-ci. Les super-héros sont tournés en dérision notamment au travers des costumes que leur impose le marketing. Ainsi vois ton Captain Steel se plaindre de l'absence de fermeture éclair sur son costume ou Pearl demander à son agent s'il est vraiment nécessaire qu'elle ait le nombril à l'air même en plein hiver. Le summum du ridicule étant atteint par le personnage très secondaire de Blackman et son casque ressemblant à une coiffure afro (nom et costume qu'il a choisis lui même), mais il ne faut pas oublier Cowgirl dont le nom de super-héroïne et le costume n'ont absolument rien à voir avec les pouvoirs et sont le pur fruit d'un plan marketing. Connaître le monde des super-héros permet de repérer certaines références dont la plus notable est le trop parfait et soporifique Captain Steel qui comme son nom et la planète inventée dont il est censé venir l'indiquent est une référence à Superman. L'autre grosse référence notable et l'allusion aux prétendues relation homosexuelles de Batman et Robin ici représentés par le petit ami de Jen et son acolyte (et père de substitution). Mais cette connaissance est seulement un plus et il n'y a pas besoin d'être expert en super héros pour apprécier l'histoire.

En conclusion Ultra vaut vraiment le coup pour sa façon originale et moderne de présenter une super-héroïne en s'attachant plus à son côté humain et ses émotions qu'à son côté surhumain et ses super-pouvoirs. Il n'est absolument pas besoin d'être fan de super-héros pour l'apprécier, par contre, si vous êtes allergiques aux comédies romantiques vous pouvez passer votre chemin.


Note : 16.

Shikata ga nai

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