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Global Frequency

Global Frequency : 3 Avis

Autant le dire tout de suite, Warren Ellis ne livre pas ici son meilleur travail. Reste que cet auteur, même quand il n'est pas à son top niveau, produit des scénarii bien meilleurs que la moyenne. Global Frequency, même ce titre est décevant pour du Ellis, reste plus que lisible. On a ici de petites histoires peu développées et ne poussant pas la réflexion très loin. Prenez la série Mission : Impossible, enlevez les plans minutieusement préparés et remplacez-les par des gunfights, saupoudrez le tout d'un peu de science-fiction, changez de présentation (dessinateur) à chaque histoire et c'est prêt. A part Miranda Zero, leader de Gobal Frequency et Aleph, chargée de la coordination, l'équipe d'intervention est renouvelée à chaque fois, à l'exception de la dernière histoire qui fait intervenir des protagonistes déjà utilisés séparément.

La base est presque toujours la même : de nombreuses vies humaines sont menacées par des terroristes ou par une expérience d'une société privée ou gouvernementale, et la seule chance d'éviter ou de limiter la catastrophe est l'équipe Global Frequency. Autre point commun, les méchants, psychophathes, inconscients, négligents sont des hommes.
Dans ce monde, pas si éloigné du nôtre, Miranda Zero, à l'image d'une mère, est là pour faire comprendre aux sales gosses qui dirigent la planète que s'ils vont trop loin, ils vont prendre une bonne correction. Elle ne cède jamais et, les sales gosses en question ayant à leur disposition des objets bien plus dangereux que des allumettes, la punition pour ceux qui lui résistent est la mort.
Le nombre impressionnant de spécialistes travaillant pour elle fait qu'elle est au courant de pratiquement tout ce qui se passe d'important dans le monde. Quand certaines agences gouvernementales ont laissé la situation leur échapper, c'est à Miranda que leurs dirigeant s'adressent, un peu comme à une tante qui aurait réponse à tout, celle vers qui on se tourne quand on a besoin de régler un grave problème sans mettre le reste de la famille au courant. Difficile de dire si elle considère les agents de Gobal Frequency comme ses enfants, ou comme de simples pions. Son mode de raisonnement est à l'échelle planétaire, et tout agent doit être prêt à sacrifier sa vie pour la survie du plus grand nombre. Aussi insensible qu'elle semble être, elle prend la mission qu'elle s'est assignée - maintenir ce monde malade en vie - à coeur. Elle ne se contente pas d'envoyer ses agents au casse-pipe, mais se rend également sur le terrain. Avec aussi peu de développement, pas évident de dire si elle aime tous ses agents quelques soient leurs travers ou si elle est cynique au point de privilégier l'efficacité à la moralité dans ses choix.
En effet, elle n'hésite pas à engager des tueurs en série ou des criminels repentis (ou non) en plus d'ex-agents d'agences gouvernementales et de médecins. Le critère principal pour faire partie de Goblal Frequency semble être d'être une pointure dans son domaine quel qu'il soit et d'être prêt à mettre sa vie en danger pour sauver des gens qui, la plupart du temps, ne saurons pas à quel point ils sont passés près de la mort. Chaque agent est recruté par Miranda en personne, ce qui peut laisser supposer qu'elle a besoin de connaître celles et ceux avec qui elle va travailler. Un agent, une fois recruté, se voit doté d'un téléphone spécial et d'une mallette. Si jamais ce téléphone sonne, l'agent doit être prêt à suivre aveuglément les consignes données par Aleph, l'autre personnage récurrent de ces petites histoires.
Aleph, la deuxième femme forte de Global Frequency est un petit génie capable d'emmagasiner énormément d'informations à la fois et d'en tirer efficacement les conclusions permettant de sauver la situation. Cette punkette, plus jeune que Miranda, semble beaucoup moins insensible et agit un peu comme une grande soeur. C'est elle qui est chargée de déterminer quels sont les agents les plus proches du drame potentiel pour les faire intervenir, quitte à les déranger dans leurs vacances, à les faire quitter précipitamment leur boulot ou à les tirer de leur retraite.
Ces agents pour la plupart, ne se connaissent pas, habitent un peu partout sur la planète et pour certains sont ou étaient d'un côté différent de la loi dans leur activité régulière. Leurs motivations n'ont pas non plus le temps d'être détaillées que ce soit la vengeance, le besoin d'adrénaline, la volonté de se racheter, la curiosité ou l'argent ; ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel est leur volonté commune de maintenir le statu quo dans ce monde rempli de mines et de bombes oubliées, prêtes à exploser.

La série est surtout basée sur l'action et le moyen le plus efficace de régler la situation est souvent de supprimer physiquement la menace. Il ne faut donc pas s'attendre à beaucoup de réflexion et les agents qui ne sont pas sur le terrain n'ont le droit qu'à peu de cases. Le grand jeu est de se demander à quel projet insensé va avoir à faire face l'équipe.

Cette série, sans être exceptionnelle, permet de passer un bon moment sans se prendre la tête, tout en admirant le travail de différents dessinateurs (un par histoire). A noter que chaque histoire peut être lue séparément et qu'il est possible de lire le second tome rassemblant des dessinateurs plus connus, dont Simon Bisley (Slaine, ABC Warriors) et Gene Ha (Top-10, The Authority), sans avoir lu le premier.
Petite précision pour terminer, la série télévisée annoncée par Ellis à la fin du second volume n'a pas dépassé le stade du pilote en 2005. Dommage quand on voit le nombre de séries moins prometteuses ayant le droit à une dizaine d'épisodes, voire plusieurs saisons. D'autant plus dommage qu'elle semblait se centrer sur des interventions récurrentes de certains agents permettant de s'attacher aux personnages et avait l'air de donner des explications scientifiques nécessaires à la compréhension pour la rendre accessible.


Note : 13.

lecture : intégralité

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