Interview réalisée lors de Japan Expo 2007, le samedi 7 juillet 2007 (lire le compte-rendu).
Marie-Paule Noël, responsable communication chez
Kami, s'est très gentiment prêtée au jeu des questions TSD. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle n'a pas du tout eu les questions à l'avance ^^. Bref, un échange très chaleureux.
Marie-Paule : Kami fait partie du groupe Tournon, auquel est affilié aussi Semic, qui faisait du manga il y a quelques années. Est arrivée la possibilité de traduire La dame de Falis, ainsi que d'autres titres. De plus, comme Sentaï School (manga français, qui continue à être prépublié dans Coyote), allait avoir un troisième tome, il était intéressant de créer une branche totalement manga au sein du groupe. Et c'est comme ça que Kami est né.
yadana, pour TSD : Donc du coup, ça répond à ma première question que je n'avais pas encore posée (rires). Quelle est votre politique éditoriale, justement, par rapport aux licences ? Vous choisissez vos titres de quelle façon ?
Au coup de coeur. On va voir les agents de différents éditeurs avec qui on travaille, ou avec qui on n'a pas encore travaillé, mais qui pourraient être envisageables. Et c'est selon ce qu'ils nous proposent, selon les pitchs, le graphisme, etc. C'est donc au coup de coeur et également à l'intérêt qu'ils pourraient avoir pour le public français.
Vous avez quelqu'un qui lit le japonais pour lire les séries avant de choisir ? Ca me paraît quelque chose d'important, parce qu'un petit résumé n'est pas toujours très parlant.
Tout à fait, on a une personne qui s'occupe de ça.
Très bon point (rires). Quel public visez-vous avec vos publications ?
Jusqu'à présent, on avait essentiellement des publications shônen, donc un public plus masculin. Mais on essaie maintenant de s'ouvrir de plus en plus. On a des shônen ai, du shôjo. On a aussi du manhwa, du sunjung et du sonyun. Enfin, on essaie de s'ouvrir un maximum. On a pas de titres estampillés seinen, même si Birth peut s'y apparenter quelque part, ou Edison Fantasy Science aussi, puisque c'est un peu plus adulte.
Donc, comment choisissez-vous vos titres, ça, on en a déjà parlé, vous avez déjà anticipé plein de questions (rires). D'après vous, quel est votre point fort ?
On en a plein ! (rires)
Allez-y (rires).
On a un catalogue en constante progression, avec aussi bien des auteurs français que coréens ou japonais, avec des licences japonaises qui ont des séries animées, qui créent un double buzz. Les gens qui ont aimé le manga vont se précipiter sur l'animé; et inversement. En fait, on essaie un maximum de créer des coffrets : proposer une série complète ou proposer les premiers tomes des manga avec les premiers épisodes des animés, comme pour Dears, Elemental Gerad, ou encore Princess Princess, qui est notre grosse surprise de ce mois-ci. On savait que la licence avait un bon écho, mais on a été vraiment agréablement surpris de ce succès plutôt soudain. On est aussi une jeune maison d'édition, donc, évidemment on commence juste à être rôdés. On essaie d'être très dynamiques, d'aller le plus rapidement possible au niveau des publications, et surtout de ne pas faire attendre les lecteurs.
Est-ce que vous pouvez nous parler des prochains titres prévus ?
Oui alors, on a plusieurs séries. On a deux manhwa, un en deux tomes, Nambul, qui est sur le thème d'une guerre fictive entre le Japon et la Corée. Ca se passe dans un futur proche, où il n'y a plus de ressources pétrolières sauf de manière infime en Corée. Le Japon, qui agonise complètement, décide de l'envahir. Sauf que cette dernière, du fait de leur passé houleux, décide que cette fois, ce n'est plus possible. Le deuxième titre est un one-shot, qui s'appelle Princesse Anna de Byun Byung Jun (auteur de Cours, Bong-gu! et Mijeong, parus tous deux chez Kana). On a aussi deux nouvelles séries en manga, qui sont Desert Coral et Junkyard Magnetic, toutes les deux en cinq tomes à l'heure actuelle. Et bien sûr le second cycle de Peace Maker, intitulé Peace Maker Kurogane.
Avez-vous des projets particuliers pour l'année prochaine ?
On a un autre gros événement à partir de septembre : le lancement d'une nouvelle collection, qui s'appelle Yokai, consacrée uniquement aux auteurs français.
Consacrée au fantastique ?
Non, c'est d'abord parce qu'on aime le nom. Comme Kami veut dire "esprit" en japonais, on reste dans la même veine avec Yokai, "démon". On a déjà quatre séries de prévues. Tout d'abord, il y aura une prépublication des premiers chapitres sur le site internet de Kami, à partir de septembre 2007. Je ne peux pas vous dire exactement avec quelles séries on va commencer, ni la fréquence exacte de mise en ligne... Mais ce qui est sûr c'est que quatre séries sont prévues et les premiers tomes seront publiés pendant le premier trimestre 2008. Et qu'on ne s'arrêtera pas là !
Du coup, ça rejoint une de mes questions : que pensez-vous du manga à la française ?
On en est ravis, parce qu'on fait déjà l'expérience avec Sentaï School. C'est un système complètement différent du japonais. C'est aussi plus agréable parce qu'on est en contact direct avec les auteurs. Ils sont disponibles facilement pour aller à la rencontre du public en conférences, en animations, en dédicaces, en festivals, etc. Et je pense que c'est important parce que ça existe à l'heure actuelle. C'est un phénomène qu'il ne faut absolument pas ignorer. Et le public français et les auteurs français sont de plus en plus nombreux et aussi de plus en plus intéressés, je pense, par ce côté-là du manga.
Vous parliez tout à l'heure de commencer la prépublication sur votre site, ce qui rejoint une de mes questions suivantes. Quel intérêt accordez-vous à internet et à la communauté internet qui lit des BD asiatiques ?
Je pense que ça a une très grosse importance, à l'heure actuelle, surtout sur le manga, parce qu'on ne peut pas ignorer le phénomène de tout ce qui est fansub, lecture des manga, etc. qui ne sont pas encore licenciés en France, et qui sont lus déjà par une communauté assez impressionnante. Beaucoup de gens qui viennent acheter les nouvelles séries qu'on licencie nous disent « J'ai déjà lu le manga, mais j'ai adoré alors je viens l'acheter, je suis vraiment content que vous l'ayez licencié. ». Et je pense que la communauté grandit de plus en plus. Il y a de plus en plus de sites intéressants qui se créent et qui fournissent des contenus différents. C'est bien, il y a une grande diversité. Ca me permet aussi d'avoir un support pour présenter tout notre catalogue sur notre site, parce qu'on n'a pas encore de catalogue papier. Comme 90 % des gens ont aujourd'hui accès à internet, ils peuvent voir quels sont tous les titres de Kami publiés à l'heure actuelle. Ca me permet aussi de faire du buzz, des avant-premières, des concours, pas mal de choses. Les sites internet sont plus réactifs et moins assujettis à des contraintes de temps que, par exemple, la presse papier. Tout ça aussi c'est plus simple, plus facile pour moi pour faire de la communication, de la promotion et ce genre de choses.
On arrive à l'avant-dernière question. Que pensez-vous de l'image de la BD asiatique en France ?
Elle a beaucoup évolué. Je pense qu'à l'heure actuelle, les gens ne considèrent plus le manga comme une espèce de bouquin pour gamins. Aujourd'hui, l'offre est tellement diversifiée qu'on en parle de plus en plus dans tous les types de presse, que ce soit de grands journaux et magazines littéraires que des chaînes de télé locales, qui ne s'intéressaient pas forcément à ce phénomène il y a cinq ans. Et je pense qu'elle s'améliore de plus en plus. De fait, Japan Expo, apparemment, a encore plus de visiteurs cette année que l'année dernière.
Oui, il y en a toujours plus chaque année.
Voilà, on en parle beaucoup dans les média. Evidemment, ça serait bien que d'autres événements puissent aussi prendre plus d'ampleur. Malgré cela, les festivals qu'on fait sur Paris ou en France, brassent constamment du monde. En plus, même si le marché est quelque part saturé, parce qu'il y a énormément de titres - je pense que les lecteurs et les libraires ne peuvent pas tout lire - on remarque une constante amélioration. Et c'est une partie non négligeable de la bande dessinée à l'heure actuelle.
Question ultime. Est-ce que vous avez un petit quelque chose à rajouter, une question que je ne vous aurais pas posée et à laquelle vous aimeriez répondre ?
Euh... Je réfléchis... Non, mais n'hésitez pas en tout cas à m'en envoyer d'autres si vous en avez...
D'accord. C'est quand même bien mieux de venir sur le stand et de rencontrer les personnes. C'est moins froid que sur internet, et on peut moduler les questions. Parce que vous avez bien prévu à l'avance tout mon plan. Vous avez lu à travers le papier, vous êtes très forte (rires).
Et oui tout à fait, j'ai lu en vous (rires).
Eh bien merci beaucoup.
Mais de rien.