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Les Regards Oubliés : Les Regards Oubliés

La goutte de sang qui perlait sur sa douloureuse blessure descendit le long de son bras, avant de s'écraser sur la roche délavée par la pluie. Sa main tremblante chercha appui sur la pierre froide, essayant de soulager un peu ses jambes, mais les forces lui manquèrent.
L'homme s'arrêta.
Relevant la tête avec peine, il observa la vallée qui s'offrait à lui. Les hauts sommets enneigés qui d'ordinaire dominaient ce lieu étaient cachés par un ciel gris chargé de pluie. Le vent soufflait par rafales, portant ces lourdes gouttes d'eau contre les falaises blafardes, alors que les arbres encore nus ployaient face aux intempéries.
L'homme qui cherchait son chemin à travers les éboulis du col essayait tant bien que mal d'éviter les larges névés qui descendaient jusqu'à cette altitude. Il avait franchi avec peine le sommet totalement recouvert de haute neige et ses pieds étaient si froids que les plaies qui les meurtrissaient ne saignaient plus.
Observant le fond de la vallée, il pouvait déjà apercevoir les forêts de mélèzes qui s'étendaient jusque sur les plaines. Cette vision eut un effet bénéfique sur son moral. D'une main peu sûre, l'homme s'essuya le front, écartant les grosses gouttes de sueur qui perlaient sur son visage. Il avait chaud, pourtant il tremblait terriblement, indiquant que la fièvre s'était emparée de son corps épuisé. Il avait marché des jours entiers sans se reposer, s'offrant des pauses si courtes qu'il avait à peine le temps de dormir. De plus, les nombreuses blessures qu'on lui avait infligées s'infectaient et lui ôtaient toutes les forces qui lui restaient.
Ses yeux étaient fatigués, mais il n'aurait su dire si c'était la pluie ou l'épuisement qui rendait les montagnes presque irréelles. Il repartit péniblement, contournant de grands blocs de rochers, essayant de ne pas sentir les multiples douleurs que lui infligeait chaque pas.
Il n'en pouvait plus.
Cherchant ses dernières forces dans une volonté de fer, l'homme fit encore quelques pas, mais la fatigue était simplement trop grande...
Sa vision se brouilla soudain dans un flou lumineux, avant que tout se tinte de noir.
Il tenta de se retenir avec son bras, mais la réalité lui échappa. L'homme s'écroula contre les rochers froids, laissant la pluie ruisseler sur ses cheveux et le vent jouer avec les lambeaux de ses habits.

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PascovX