Lost People : Providence : 02 - Oups ! (22h)

Il fait chier, ce connard ! M'envoyer avec Vince (un pur psycho) pour un deal avec des chicanos alors qu'il sait que je les déteste profond, à croire qu'il me cherche ! Depuis qu'il a buté Andy, il s'y croit trop ce p'tit enculé ! « Snake » ! Il se croit dans une BD ou quoi ? Sale petit con ! « Leader » ?!!!!!!! Mais pour qui il se prend, cet enfant de putain ! Se calmer, se calmer ! Une virée en voiture la nuit avec Vince sous Ecstasy, c'est le genre de souvenirs qui vous marquent. Il beugle les paroles d'une chanson débile braillée par la dernière pute siliconée à la mode. Tout en donnant des coups de pied dans la boîte à gant et en chargeant négligemment son flingue. Ma clope est finie. Le bout du filtre commence à noircir. J'en allume une autre. Mes doigts tremblent.

Le point de rendez vous est un immeuble abandonné en lisière du quartier Mex. Le parc qui l'entourait n'est plus qu'un terrain vague où ne poussent que des seringues, des bouteilles vides et des capotes usagées. Je m'arrête à quelques mètres de l'entrée. Bien en face. J'en compte 8, répartis dans le hall tapissé de tags. La moitié est complètement amorphe (crack ? shit ? dope artisanale ?), l'autre par contre est bien lucide, la main sur le flingue. Un de ces connards, complètement shooté, se relève des marches sur lesquelles il était vautré et vient se caler juste sous mon nez d'une démarche plus qu'incertaine. Ses yeux ne tiennent pas en place. Mais comment il tient debout ? Et, putain, combien de whisky il s'est enfilé pour refouler autant ?
" Kessssssss v... voulez ? "
J'ai l'impression de m'enfiler un pack de bières à chaque fois qu'il me souffle son haleine de phoque en pleine face. Pourquoi il reste devant moi, cet enfoiré de bronzé ?!!
"- Miguel, cherche pas notre petit crâne rasé... Il est tout fébrile aujourd'hui.
- Ferme ta gueule, Vince. C'est mieux pour ta santé. "
S'ensuit un léger flottement. Le bronzé essaie de caler son regard dans le mien. Avec difficulté.
" Tou est racissste, toi, eh ? Tou sens le raciste...
- On va pas se mettre à discuter politique, les filles... On est là pour t'acheter des grenades... Enfin si ça t'intéresse toujours de nous les vendre, Miguel. Sinon tu nous le dis et on se pète. On a pas que ça à foutre. "
Il n'accorde aucun intérêt à ce que vient de dire Vince et me lâche pas le regard.
" Oy ! Puta ! Jé té parle ! "
L'instant d'après, mon poing est encastré dans sa gueule. Rien vu venir ! Faut que je bouge là ! Les lucides sortent leur gun. Les avachis commencent à se relever. Vince a juste le temps de hoqueter " Qu'est ce t'as fait ?!!!!!!!! "

Je plonge par-dessus le capot vite fait. Réception accroupie. Juste au moment où ils se mettent à tirer. J'ai la main sur la portière quand les vitres explosent. Vince fait des gargouillis quand les balles le transforment en passoire. Je chope le pompe et plonge sous la bagnole. Après les pieds de deux d'entre eux se détachent de leurs jambes. C'est crade un pompe quand même !
Merde, y en manque un ! Putain il est où ?!!!!! Je vois ses pieds nulle part ! Le bruit d'un objet métallique qui roule. Léger choc au niveau de mon mollet droit. L'instant d'après je suis debout à courir. Puis le souffle et la chaleur. Mes poumons se vident tous seuls. Sensation désagréable. Choc violent. Je suis étendu à plat ventre. Douleur dans la jambe gauche et au niveau du torse. Ca craint méchamment. Je me relève tant bien que mal et je me retourne pour voir la mort en face. Et là... Personne ! Ma voiture est en flammes et il y a quatre cadavres. On se croirait à Sarajevo. A part ça, ça va. " Ils se sont cassés, ces pédés ! " est la première phrase qui me vienne en tête. " Putain, je suis toujours vivant ! " ne vient qu'après.