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Lost People : Providence : 09 - Scène de crime (01h)

« Alors, on a quoi, officier Grant ? »

Odeur de poudre, de tabac froid, et de sang. La pièce est une incarnation du chaos : les coussins du canapé ont été éventrés, le sol est couvert de CDs, DVDs, bouquins... Rien ne manque : une fouille en règle. Miraculeusement, la télé 16/9 n'a rien. Sur la table basse, un autre détail incongru : une boîte à chaussures vide.

« Sergent. (Salut de la tête) La gamine, Sally Jenkins, devait se trouver devant la porte avec le sac là. (Il me montre l'entrée. Un sac dont le contenu est éparpillé sur le sol. Des fringues de gamine. A côté d'une mare de sang.) J'ai appelé l'hôpital. Elle est morte il y a un quart d'heure. Y a plein de mégots de joints et de têtes de beuh qui sont tombés là-bas. »

Il me montre la table du salon, parsemée de têtes d'un joli vert. La boîte en est constellée aussi. J'aurais dû le voir, mais je somnolais trop. Je titube presque. Les (trop) nombreuses heures de service et l'insomnie se font sentir. Un café-clope ne serait pas de trop. Pourquoi ce foutu médecin ne veut pas comprendre que c'est le manque de caféine et de nicotine qui va me tuer ? Pas le contraire ! Un flic sans réflexe, autant dire un mort en sursis dans la City. Je m'ébroue un peu.

« Ca serait un vol de dope ? J'ai un doute : vu le trou dans la porte, ils devaient pas avoir du petit calibre... Ca ne colle pas avec un vol de Marie-Jeanne. Vous pensez à quoi, Grant ?
- Ben la boîte à chaussures devait être remplie de came, mais les voisins disent avoir vu 3 ou 4 hommes cagoulés et armés emmener le gamin de la maison. Ils ont pas vu le numéro de la plaque. Le nom du gamin, c'est Mike Woodson. (Ca tilte. Je me réveille.)
- Comme James Woodson, le comptable de Ray Marino ? C'est chez lui, ici ?
- Yep ! Vous avez pas regardé la téloche ? Les journaleux parlent que de ça. Marino s'est fait descendre dans la soirée. Vous croyez aux coïncidences ?
- Pas trop, non. »

Je me sens mal. Les évidences que j'ai loupées s'accumulent. J'ai pas écouté les infos (trop crevé !), mes indics m'ont pas appelé (en même temps, pourquoi ils l'auraient fait ? Tout le monde a l'air d'être au courant.), j'ai pas discuté avec mes collègues... Comme si je creusais ma propre tombe.

« Il parait qu'il y a des grenades qui traînent en ville...
- C'est quoi, cette histoire ?!!! (Un silence dans ma poitrine là où je devrais sentir un battement. Mal au bras.)
- Ah oui, vous avez pas maté les infos... Une voiture a été explosée à la grenade dans les quartiers sud. 4 cadavres. »

Je m'écarte un peu. Les battements se font plus réguliers. Je me fais vieux... La scène qui s'offre à moi, le dealer de 12 ans (12 ans !) que j'ai dû tuer il y a deux jours, les détails de l'officier Grant, mes soucis de santé me font cruellement ressentir mon âge et la tension de la ville. « Scum City », la cité de la racaille, est exsangue. Au bord de la révolution. A 43 ans, je ne suis pas prêt de prendre ma retraite, et pourtant l'envie ne manque pas. Mindy, madame Lopez depuis 17 ans maintenant, ne serait pas contre non plus.

(scape)GO@T

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