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Lost People : Providence : 10 - Torture (01h)

J'enlève la serviette vaguement blanchâtre d'un coup sec. Les lames apparaissent. Le comptable laisse échapper un juron presque inaudible entre ses dents. La poussière de la cave retombe lentement, comme une pluie d'étoiles miteuses dans la lumière de l'ampoule qui pend au plafond.

Pauvre type ! Il a accouru comme un chien qu'on siffle après mon coup de fil. L'amener ici n'a pas été trop compliqué non plus : un coup de matraque et il était dans le coltard. Il se met à tousser. Il crache du sang. J'ai dû y aller un peu fort tout à l'heure...

J'ai l'impression de me retrouver il y a quelques années. Sauf que j'étais pas à la même place. Waterfalls, dans l'arrière salle du 'Country Inn', le repaire de Soeur Teresa, la mère maquerelle russkof. Teresa, je pensais (comme tout le monde à Waterfalls) que c'était une gentille mamie un peu trop bigote. Jusqu'au jour où je l'ai pas payée. Jamais vu quelqu'un changer aussi vite : une petite mamie qui se transforme en bourreau sadique (et sacrément doué), ça étonne. Marrant comme c'est cher les filles, des fois. Enfin bon, il me servait à rien ce doigt. Ceux du client du jour vont pas lui servir longtemps.

« AAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHHHH !
- Chiale pas, il t'en reste neuf... (Je lui montre ma main à quat'doigts, la gauche...) Tu vois, mon grand, on peut très bien vivre sans. Allez, vieux, on va pas y passer la nuit... Où elles sont passées ces putains de grenades ?
- Mais je vous ai déjà tout dit !!!! C'est Ray qui les a vendues à des Mexicains ! Mon patron ! Moi, j'ai rien à voir là dedans ! Je ne connais même pas leur nom ! Laissez moi partir avec mon gosse ! On dir...
- C'est marrant mais j'crois que tu sais d'autres trucs... Genre pourquoi elles ont servi ce soir... C'est pas pour faire genre pressé mais j'ai pas trop envie d'attendre. Et tu sais que c'est mieux pour toi... Enfin si tu tiens à tes autres doigts...
- Vous nous laisserez partir après ? »

Un regard mouillé de chien battu. Pour sûr, mon pote, que tu vas aller le rejoindre, ton gamin ! T'inquiètes. Je sens un sourire cruel apparaître. Le comptable n'a pas l'air rassuré mais sincèrement je m'en fous. Je crois même que c'était le dernier petit coup de pouce dont il avait besoin pour se mettre à table, parce que maintenant il me lâche tellement de trucs que j'y comprends plus rien. J'ai tout enregistré avec le dictaphone que m'avait filé Luiggi. Je suis sorti après pour l'appeler, lui ai passé le monologue et il m'a tout expliqué à mots couverts (au début je croyais qu'il se foutait de ma gueule). D'après lui, Ray aurait été en magouille avec un ponte des tacos pour virer la Familia de la City, le tout à coups de grenades (les nôtres en plus) et de guérilla urbaine. Ils voulaient armer tous les gangs de Mexs en échange de la destruction de certains points stratégiques. Bien évidemment, ces points nous appartenaient. Puis il a lâché qu'il fallait ABSOLUMENT que le dictaphone arrive jusqu'au Don et que je pouvais me débarrasser du 'boulet'. Le sourire de tout à l'heure n'était rien en comparaison de celui que j'affiche quand je reviens.

« C'est décidément pas ton jour, James. »

(scape)GO@T

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