banniere

Retour

Lost People : Providence : 11 – Tension (01h10)

Je raccroche. Les choses sont graves. Trop graves. Le Don doit être informé. J'ai bien peur que Marvin ne soit pas assez fiable pour lui porter le dictaphone sans encombre. Faut que j'appelle quelqu'un pour aller le chercher. Il me faut aussi des hommes pour aller récupérer la caisse à l'adresse que m'a filé Rainfield (en espérant que ce mytho ne m'ait pas enfumé). Je n'ai pas trop envie de finir en chich kebab. Il suffit que ce Kahoon ou ce cher « Snake » parte en vrille pour qu'on soit tous vaporisés. Une bonne demi douzaine d'hommes ne sera pas de trop, je pense.

« Allo ? (Voix rauque)
- Luiggi. J'ai besoin de 6 hommes, plus un pour aller rendre visite à notre Marvin national.
- Où ça ?
- 107ème Rue, niveau du Town Center pour Marvin. Moi je suis au Blue Angel, la boîte techno.
- OK. (Silence) Dans 5 minutes pour vous deux. Au point le plus proche. Soyez prêts. »

Je rappelle Marvin pour le prévenir avant de rentrer dans la boîte. L'arrière salle du night club est une véritable étuve. Des beats de techno font vibrer les murs malgré l'insonorisation. En même temps, ça n'a jamais dû être contrôlé. Je récupère vite fait ma veste. Mon paquet de clopes se renverse. Les cigarettes s'éparpillent sur le sol. Au milieu d'elles, un gros joint mal roulé. Je range tout. Y compris le spliff. Je sens que je vais avoir besoin de tous mes réflexes d'ici peu. Ce serait bête de fumer maintenant. Après, plutôt.

Je sors dans la rue en pressant le pas. Mes pensées vont trop vite pour que j'arrive à les suivre. Il fait toujours aussi chaud. Je suis trempé de sueur. Tout d'un coup je tape dans un truc. Je relève les yeux. C'est un indien sans âge (plus grand que moi d'une bonne tête) aux longs cheveux noirs enserrés par un bandana rouge. Le profil typique des peaux rouges : nez épaté, visage taillé au couteau, peau cuivrée, tout maigre mais nerveux. Par contre le regard est étrange : d'un bleu tellement intense que j'ai du mal à fixer ses yeux. Il est habillé de fringues crades et sans forme sous un vieux manteau de l'armée du salut, et trimballe un vieux sac miteux. Ca me rappelle le sac médecine d'un shaman dans une vieille BD... J'ai le titre sur le bout de la langue mais il a l'air bien décidé à y rester.

Il me fixe. Je m'aperçois que je me suis arrêté malgré moi. Il me tend un truc enveloppé dans un papier et en glisse un autre dans la poche de ma veste de costard à 300$. Je chope sa main crasseuse au moment où il la retire de ma poche.

« Tu veux quoi, peau rouge ? (Silence. Puis il murmure en montrant ma poche du doigt.)
- Porte bonheur. (Son doigt se déplace pour montrer le papier qu'il m'a finalement collé dans la main) Pour après.
- Après... quoi ? »

Il dégage sa main, me fixe bien droit dans les yeux, sourit faiblement, se détourne et s'en va. Je regarde dans ma poche pendant qu'il se barre : un caillou avec un dessin de gosse au crayon bleu. Dans le papier : un champignon. A l'odeur, je dirais du peyotl. Encore un qui a abusé de sa came. Enfin bon, de là à la filer comme ça dans la rue, faut qu'il soit rudement défoncé, le gars. Ou alors stupide.

(scape)GO@T

Précédent - Suivant