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Interviews : Interview Chibilou pour le fanzine Geek Mag

Geek Mag


Interview réalisée lors de Chibi Japan Expo 2007, le dimanche 3 novembre 2007 (voir les photos des défilés de cosplay) et mise à jour pendant Chibi Japan Expo 2008.

A l'occasion de Chibi Japan Expo 2007, nous nous sommes penchés sur le monde du fanzinat français. Après F-ocube et son Furyo (voir l'interview) nous avons rencontré la survoltée Chibilou, co-créatrice du Geek Mag.

Chibilouyadana, pour TSD : Première question assez classique, est-ce que tu peux présenter ton fanzine [Geek Mag], éventuellement faire un petit historique, et nous expliquer pourquoi tu as choisi ce nom, des petites choses comme ça...

Chibilou :D'abord, il faut savoir que les fanzineux, pour nous, ça a toujours été des dieux. On aimait déjà venir en convention, et ces mecs étaient les gens les plus cools de l'univers. C'étaient des dessinateurs, ils avaient leur propre production qu'ils avaient payée eux-mêmes, et c'est limite si on s'approchait pas à reculons de leur stand en disant « Pardon, est-ce qu'on pourrait vous acheter un truc si ça vous dérange pas trop? » (rires). Ce sont donc les fanzineux eux-mêmes qui nous ont inspirées, et ce sont ces demi-dieux qui sont devenus nos copains par la suite et qui nous ont montré comment faire pour lancer notre fanzine.
Geek Mag Quant à Geek-Mag, la petite histoire c'est qu'il est né d'un simple concept qui m'est venu un jour : X-men reverse, les personnages des X-men en version sexe opposé. C'était, à la base, juste un exercice de re-design : il fallait que le personnage reste cohérent en passant d'un sexe à l'autre.
Mes dessins sur ce thème avaient bien plu à Tatia, ma collègue, l'autre fondatrice de Geek Mag, qui m'avait proposé ensuite de les mettre en couleurs. A partir de là, on s'est mises à délirer ; on s'est dit « c'est rigolo, ce serait bien de les mettre dans un recueil, faudrait demander à d'autres copains, des dessinateurs, d'autres fanzineux d'y participer !».
On s'est rendu compte en montant le projet qu'on faisait toutes les deux partie de la grande communauté geek et qu'on avait beaucoup de références en commun qui n'étaient pas que des références d'otaku, ou tournant autour des mangas. C'est pour ça qu'on a opté pour le nom de Geek Mag.
C'est le premier fanzine, en tout cas dans l'univers des conventions de japanime, qui traite de ce sujet-là. C'est un fanzine par les geeks pour les geeks, et on se fait vraiment plaisir à le faire : on ne traite que des thèmes dont on veut parler.

Ça fait combien de temps que Geek Mag existe ?

Alors, on a quatre numéros, ça fait quatre ans. Un par an.

Comment fonctionne le fanzine ? Comment tu décides du thème du numéro ? Et comment vous décidez qui peut participer ?

A priori tout le monde peut participer. On a pour coutume d'aller sur un forum internet qu'on aime bien, le forum Catsuka, et on lance le thème : « allez, Spécial Star : Star Wars, Star Trek, Battlestar Galactica, Star Academy, Joey Starr, tout ce qui a Star dedans, mais traité sous l'angle de la science-fiction parce que la science-fiction c'est geek ». Après, ça marche au plaisir et à l'envie : ceux qui veulent participent. Du coup, on a parfois des guests de très grande qualité.

Geek Mag ExtraitOui, j'ai vu dans le 2 qu'il y avait Trantkat, qui a fait pas mal de choses d'ailleurs.

Tout à fait, c'est un gros fan de Verhoeven et de Starship Troopers, donc il a été très inspiré par le thème, et comme c'est un habitué du forum Catsuka, il a trouvé ça marrant et a bien voulu se prêter au jeu.
Dans le premier fanzine sur le thème X-men Reverse, il y a aussi Fafah Togora, qui a récemment signé une série chez Delcourt, Nini.
Dans le fanzine sur les Gothical Girls et le « Politaku » (les otakus et la politique), Rafchan, qui faisait partie de nos « dieux du fanzine » et qui est maintenant auteur de la série « Debaser » parue chez Ankama, nous a fait l'immense honneur de participer.
On propose aux copains, aux dessinateurs sympathiques et dont on admire vraiment beaucoup le travail, et eux participent uniquement si le thème les intéresse. Il y a toujours un gros enthousiasme, parce que c'est dans les thèmes qui leur parlent le plus que nos guests vont s'investir, et c'est pour ça que leurs participations sont souvent super classes. Merci à eux !

Geek Mag 2Donc, à part les influences geek, où est-ce que tu puises les influences pour chercher les thèmes, pour faire tes petits strips ou tes dessins dans Geek Mag ?

En fait, les thèmes, on en décide toutes les deux, Tatia et moi. On prend un grand thème geek, comme disons, Star Wars et Star Trek qui sont des références geek incontournables. On part d'un gros truc mainstream que tous les geeks vont connaître, et on va le tordre un petit peu au passage, on va rajouter notre touche personnelle, d'où le spécial Star. Il y a tellement d'oeuvres de science-fiction avec le mot « star » dans le titre qu'on a décidé de tout mélanger et d'étendre le concept avec tout ce qui comporte « star » quelque part : Joey Starr, Ziggy Stardust, Starmania, etc.
On aurait pu se cantonner à parler de sujets geek tout bêtes, mais on préfère pousser le thème encore plus loin à chaque fois pour que ça soit encore plus obscur - c'est la règle : plus c'est obscur, plus c'est geek. Nos fanzines finissent par ressembler à des énigmes ou des rébus, et il faut vraiment avoir les références les plus hétéroclites pour tout bien comprendre : être un lecteur de Geek Mag, c'est aussi aimer les défis.

Qu'est-ce que tu recherches en ayant créé ce fanzine et en continuant à le développer ?

Geek Mag 3On a créé Geek Mag, à la base, pour se donner les moyens de produire quelque chose par nous-mêmes. On est toutes les deux fans de bande dessinée : c'est donc normal qu'on veuille en faire. Afin que nos idées et notre univers existe sur du papier tangible, le fanzine c'est idéal, parce qu'il y a pas de prise de tête, pas de contrainte. Nous sommes nos propres patrons - même si des fois on peut se poser de sacrées contraintes toutes seules (rires). Il s'agissait, au début, surtout de ça : de faire de la bande dessinée parce qu'on aime ça, ce qui nous permettait par la même occasion de nous améliorer dans ce médium et aussi de faire en sorte que nos oeuvres existent, de façon tangible, sans forcément passer par la voie classique de la maison d'édition. Et puis, on vient aussi et surtout s'amuser en convention : on adore ça. Ce qu'on aime par-dessus tout, après avoir passé la période éreintante de la fabrication du fanzine - qui représente quand même un sacré boulot - c'est de faire des dédicaces, de rencontrer des gens. Ce qui est vraiment merveilleux dans le fanzinat, c'est cette possibilité de vendre quelque chose qui vient de soi, de personnel, à quelqu'un qu'on a jamais vu, qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, et de nouer des amitiés vraiment solides. Par exemple, les filles qui sont sur le stand avec moi et qui m'aident aujourd'hui à vendre Geek Mag, je les ai rencontrées en convention et à travers le fanzine. Je ne les aurais jamais rencontrées autrement.

Tout à l'heure, tu parlais de la voie classique de la maison d'édition, est-ce que tu comptes vraiment passer pro à un moment, et est-ce que le fanzine va t'aider à le faire?

Tout à fait. J'adore la bande dessinée et je voulais absolument faire quelque chose de cette passion : c'est maintenant chose (presque) faite. Le fanzinat m'a appris beaucoup de choses sur la bande dessinée en elle-même et m'a permis, entre autres, de rencontrer la dessinatrice Nephyla de Raxxon, de travailler avec elle en tant que scénariste, et à présent nous avons signé ensemble un contrat d'éditions chez Soleil pour une série baptisée Geek&Girly. Ça paraîtra, Inch'Allah, en septembre 2009.

Au niveau des conventions, qu'est-ce que vous proposez comme produits sur le stand ?

Alors, sur le stand, notre produit phare est le Geek Mag, au rythme d'une parution par an au festival de Delcourt vers mi-septembre : on y met tout notre amour. Ensuite, il y a la série Geeks don't love, le premier shoujo geek, fait par Tatia (dont le pseudo est Berlouche) qui parle d'une histoire d'amour entre geeks et qui paraît un peu plus régulièrement.

Geeks don't love 1 Geeks don't love 2 Geeks don't love 3

On propose aussi des tatouages au henné. Tatia et moi on est super fans de FullMetal Alchemist, donc on propose, entre autres, des cercles d'alchimie qu'on tatoue sur les bras ou ailleurs. Sinon, on essaie en général de faire en sorte que chaque convention soit une fête. A Harajuku en septembre, on s'amuse vraiment beaucoup, parce qu'on organise des activités ludiques à chaque fois. A celui de 2007, on a organisé une piñata, parce que j'étais en cosplay de Dokuro-chan - c'est une espèce de Magical Girl qui passe son temps à taper son propriétaire avec une batte cloutée géante et à le ressusciter après - je portais donc une grosse batte cloutée en papier mâché dans laquelle j'avais mis des bonbons. A la fin du festival, on a tiré au sort avec des tickets de tombola et le gagnant a eu le droit d'exploser la piñata contre un arbre et de distribuer ou garder les bonbons à l'intérieur pour lui. J'avoue qu'on l'a un peu poussé à distribuer les bonbons à la fin - c'est quand même plus convivial, non ? (rires) Ça a toujours été comme ça depuis nos débuts, on a toujours essayé de faire en sorte de proposer un truc nouveau à chaque fois pour nous amuser, et pour amuser les gens qui viennent nous voir.

Qu'est-ce que tu penses de l'accueil du public par rapport à ce que tu fais avec Geek Mag ?

stand Geek Mag à Chibi Japan Expo 2008C'est très étonnant, parce qu'en général les fanzines qui marchent vraiment en convention, c'est les fanzines qui font du fanart de séries connues comme Bleach, Death Note? Les gens aiment ces séries donc ils achètent parfois sans se poser de questions. Nous, nos sujets sont complètement obscurs, on en est même très fières - d'ailleurs le Politaku est encore plus obscur que les précédents numéros. Malgré ou peut-être à cause de cela - et ça nous fait vraiment super plaisir - on n'est pas du tout mises à l'écart, au contraire : l'accueil est toujours excellent, et on parvient à vendre de plus en plus et à toucher de plus en plus de gens. Et surtout, les fanzines augmentent en qualité à chaque nouveau numéro. On considère que c'est notre objectif, quand on fait nos fanzines : de faire le meilleur fanzine possible à chaque fois, et de parvenir à faire à chaque fois un peu mieux que la fois précédente.
Du coup, on a fini par obtenir un public à nous, qui se fidélise, et ça, ça nous touche énormément ; quand on retrouve les gens qu'on avait vus à d'autres conventions, qui nous avaient dit « on repassera vous voir ». Ça, dans la vraie vie, c'est le genre de phrases toutes faites auxquelles on ne croit pas trop, du genre « On s'appelle et on se fait une bouffe ! - Ouais, ouais, c'est ça ! ». Mais en convention c'est vrai de vrai, on les retrouve à chaque fois, et ce sont des clients fidèles qu'on est toujours hyper heureuses de retrouver.

Geek Mag 4Donc du coup Geek Mag c'est un peu spécial, mais ça réussit à percer son petit trou.

Tout à fait. Je pense que c'est parce qu'on le fait aussi avec énormément d'amour pour ceux qui viennent nous voir. On est vraiment à fond. C'est surtout ça, finalement, notre atout principal, à Geek Mag : c'est notre immense passion, notre enthousiasme débordant. Parce qu'un geek, d'abord et avant tout, c'est un passionné. Alors, si on arrive à communiquer notre passion aux gens, c'est le principal !

Quels sont les projets de Geek Mag pour l'année qui arrive, à part le numéro quatre sur la politique ?

Alors, le Politaku, il est sorti pour Chibi Japan Expo de cette année [2008]. En février est prévue la suite de Geeks don't love, dont l'auteur essaie de faire une parution régulière plus ou moins à chaque convention. Enfin, on a prévu de faire un hors-série qui sera la suite du numéro trois, Gothical Girls. On avait amorcé deux histoires dans ce numéro et on compte les compléter dans le hors-série qui va paraître, aussitôt que possible, j'espère pour Japan Expo 2009.

Et ça sera la dernière question, est-ce que tu as un message particulier à faire passer ?

Le fanzinat sauvera le monde !

Merci beaucoup pour ton enthousiasme et ta disponibilité.

Merci à vous, tout le plaisir était pour moi !


Pour en savoir plus, le site perso de Chibilou : Tumbleweeds

Yadana

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