Obumbratrice : Une Rencontre inopinée

Il y a environ trois jours, alors que je marchais à travers une lugubre forêt pour regagner mon auberge dans laquelle je séjournais depuis une semaine, je vis un homme perché sur un arbre, tel une chauve-souris. Je fus d'abord surpris par la chose, car cette personne était repoussante de l'extérieur, mais attirait ma curiosité de l'intérieur. Je fis quelques pas en sa direction et quand je fus suffisamment près de lui, il engagea la conversation :

« Belle nuit d'automne n'est-ce pas ? »

« Oui... Très belle. »

« Que faites-vous ici mon jeune ami ? »

« Je... Je me promène... En fait, j'ai pris un raccourci qui coupe dans la forêt pour regagner mon gîte. »

« Oui, bien sûr. Je crois pouvoir dire que vous êtes un homme qui fait face à ses problèmes. »

« Comment en venez-vous à cette conclusion ? »

« Parce qu'au lieu de contourner vos problèmes tels ces arbres, vous préférez y pénétrer, comme vous l'avez fait pour cette forêt... Me tromperais-je ? »

« Non... Quelle belle métaphore que voici... Pff... Vous vous prenez pour un philosophe ? »

« Niih... On peut dire cela... »

« Et vous, que faites-vous, perché ainsi ? »

« Je médite profondément, avec une profondeur comparable à celle de ce bois. »

« Et sur quoi méditez-vous ? »

« Sur ma dernière rencontre... »

« Votre dernière rencontre... Avec qui était-ce ? »

« Avec le Diable. »

« Avec le Diable ? »

« Oui... »

« Mais... »

« En compatissant avec le Diable, j'ai dû partager sa haine pour Dieu. J'en ai tiré la conclusion suivante : LA HAINE NOUS UNIT PLUS QUE L'AMOUR. »

Je restai sans voix, ne sachant pas quoi répliquer.

« Bon, il se fait tard, je vais me retirer. Ce fut un plaisir de vous avoir rencontré, au revoir... » me dit-il avant de s'en aller.

Ce fut là la fin de notre conversation. C'est étrange, car maintenant, je n'arrête pas de méditer sur cet entretien comme si... comme si cette silhouette dans les ténèbres avait été le Diable lui-même...