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Obumbratrice : C'était lui...

J'espère que ceux qui liront cela me comprendront, ne me jugeront pas sur cet acte, aussi abominable soit-il. Je commence réellement à penser que nous les hommes, ne sommes que des pantins, non guidés par la Foi mais animés par nos désirs. Serais-je donc fou pour prétendre que nos pulsions instinctives prennent le dessus sur notre confiance en Dieu ? Non, bien sûr. Mais cela a été mon cas.


Depuis toujours, j'avais ressenti quelque chose en moi qui cherchait vainement à sortir. Un autre moi, complètement différent.

Bien que j'aie, dès mon plus jeune âge, vécu dans un couvent, je n'ai jamais résisté aux plaisirs solitaires. C'est à partir de ce moment que j'appris l'existence du ça en moi. Au début cela était contrôlable. Mais plus le temps passait et plus j'avais de peine à me maîtriser. Souvent, je me surprenais à regarder le corps des femmes, de contempler leurs contours, leurs formes. Et je rêvais même d'elles ! Au fait, le fait que ces choses me soient interdites ne faisait que me rendre plus excité. Parfois, je suivais discrètement des dames se rendant chez elles. J'avais tellement envie de les toucher, de les sentir dans mes bras, de les envelopper. J'avais tellement envie de les prendre pour moi seul, de les voir vraiment nues, de caresser leurs cuisses qui m'étaient dissimulées, mais dont j'imaginais la douceur. Je n'avais cependant jamais succombé à mes désirs, car la Foi m'en avait protégé jusqu'à ce fameux jour.

C'était un soir d'automne. J'arpentais un long sentier, éclairé par la grande lune, traversant la forêt. Le temps n'était guère désagréable et même s'il y avait la bise, le chant des feuilles mortes m'enchantait. Je me rendais à une cabane. Cela faisait longtemps que je me recueillais là-bas, sans aucune compagnie. Souvent je lisais, ou me promenais dans cette forêt, bien qu'elle soit lugubre. Et elle le fut particulièrement cette fois-là. Je marchais donc et songeais à mon passé. Un passé bien noir hélas.

Ma mère, que je n'ai jamais connue, s'était faite violer. Elle n'avait que dix-sept ans quand cela se produisit. L'homme, un garde forestier, avait abusé d'elle dans cette forêt même. La famille de ma mère, déshonorée, ne la reconnut plus et c'est pour cette raison qu'elle alla se réfugier dans un couvent, où elle me mit au monde. Elle ne survécut cependant pas à ma venue. Cela arrivait de temps en temps que je pense à elle. Mais je n'osais pas penser à lui. J'avais cette peur... Aurais-je hérité de sa libido ?... Et je n'aimais pas émettre cette hypothèse.

Puis, émergeant de mes pensées je fus surpris de ne pas déjà voir la cabane. Car, en très peu de temps, le ciel s'était beaucoup assombri. J'eus un frisson inopiné. Une pensée de traversa l'esprit.

Des personnes avaient mystérieusement disparu dans cette forêt. Je n'avais naturellement pas pris cette histoire au sérieux. Mais l'obscurité me troubla tant que je vins à penser à cela. Depuis bien longtemps, on pensait que des esprits malfaisants habitaient les lieux, car aucun oiseau ne venait à se percher sur les branches de ces arbres. De plus, il y avait un bout de temps de cela, un homme mourut dans des circonstances qui restèrent mystérieuses, mais certains dirent qu'il revint à la vie par la suite, après avoir pactisé avec le Diable, sous une forme démoniaque, pour hanter cette forêt dans laquelle, sa bien-aimée avait été retrouvée morte des années auparavant. Une sorte de vengeance. Rien de cela ne me plaisait. Une romance incertaine, je n'aimais pas cela. Pour moi, deux personnes devaient s'unir dans le seul but de la procréation, le miracle de la vie. Peut-être parce que je n'avais moi-même jamais ressenti le besoin de m'attacher à une personne du sexe opposé. Sans le savoir, j'allais éprouver quelque chose de beaucoup plus fort, une véritable pulsion.

Soudain, j'entendis des pas, qui semblaient venir dans ma direction. Je paniquai et je ne sus que faire. Je restais figé, attendant ce qui s'approchait. Puis, les pas cessèrent pour laisser place à un rire, un rire féminin. La peur me quitta tout de suite, puisque devant moi se tenait une femme.

Belle, très belle et nue surtout ! Son corps, était d'une grâce inouïe, il semblait réfléchir les rayons de la lune, oui, il volait la vedette à la lune, car je fus littéralement dans l'incapacité d'ôter mon regard de cette dryade. Je regardai ensuite son visage, éclairé par l'astre de la nuit. Je fus absorbé par ses yeux bleus, bleus comme l'océan. Ah, j'aurais tant voulu m'y noyer! Et son nez, qui allait en parfaite harmonie avec le contour de ses pommettes. Qui, quant à elles, avaient la couleur des pêches. Et sa gorge. Qui émergeait de sa chevelure, dans laquelle on pouvait voir le reflet des étoiles. Ou bien était-ce là le firmament même ! Car sa toison était si profonde qu'elle n'avait rien à envier à la voûte céleste. Et ses seins, j'aurais tellement voulu m'y mêler! Et quand je vis ses cuisses, c'était déjà trop tard. Je courus vers cette nymphe, et la pris contre moi.

Elle eut un sourire, si irrésistible que je ne pouvais plus me contrôler. Sans attendre, j'entrai en elle. Mais mon ça, lui, sortit de moi. Enfin, il fit surface ! Mes mains se firent plus habiles, plus dures. Je lui empoignai la taille et mes gestes furent plus brusques. Je savourai les moindres instants, car le désir m'avait habité pendant une éternité pour au bout du compte n'être assouvi qu'en un éclat de moment. Elle poussa de petits gémissements, avec un caractère animal. Et moi, je faisais l'irréparable. Non, en fait, ce n'était pas moi, c'était lui... Comment avais-je pu craquer ? Pourquoi le Seigneur ne m'en avait pas dissuadé ? Quand je pense à ces minutes qui parurent pourtant être l'apogée de ma vie, je regrette profondément. Je lui avais laissé mon corps et il s'en était emparé. Nous nous entrechoquions, je poussais des souffles bestiaux et interminables. Je n'étais devenu qu'une bête stupide ne répondant qu'à son instinct. Rien ne se passait dans ma tête, je n'avais qu'un seul but au fond, aller au bout de mon plaisir... J'y allais si fort. Je regardais ce corps qui paraissait si fragile se faire brusquer, telles mes envies l'avaient été par lui...

Cela ne dura pas toute la nuit. Une fois l'acte fini, il disparut promptement. Je me couchai à côté de cette femme qui s'était montrée obéissante, allant jusqu'à soumise. Cela m'avait si fatigué que je m'endormis rapidement. Je n'osai même plus la prendre dans mes bras, j'avais déjà honte.

La nuit me parut brève, le doux parfum des chèvrefeuilles me réveilla. J'ouvris doucement les yeux, pourtant je n'osai pas bouger. J'avais si peur qu'elle se trouve encore à mes côtés. J'espérais qu'elle était partie. Car la chose la plus affreuse est peut-être de regarder ses erreurs de face. Je restai immobile pendant une heure je pense, peut-être deux. Me sentant prêt, je me retournai doucement et regardai ce qui se trouvait à même pas un mètre de moi... Je vis une biche, une biche morte... Mon coeur s'arrêta presque de battre tellement j'en fus choqué... Et tout cela, c'était de sa faute, car ce n'était pas moi qui avais commis l'irréparable, c'était lui...

L'Ecorché

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